jeudi 11 novembre 2010

Réception de manuscrits.

Aujourd'hui, je m'attaque aux manuscrits récupérés hier aux Editions.
Trois manuscrits.
Je les scrute un à un.

Le premier, dont j'avais déjà entamé la lecture le mois dernier, est un pavé considérable, thermo-relié, imprimé recto-verso sur du A4 et folioté. En page trois, des dédicaces percutantes. Les marges sont confortables, le texte justifié, les paragraphes marqués par des retraits de première ligne. L'auteur n'a pas utilisé de tirets cadratins. Un petit détail, mais quelques heures de travail pour le maquettiste si le roman est accepté.
Le titre est énigmatique et plaisant.
On commence par un prologue et une date. Apparemment un flashback sur deux pages. De façon très subjective, j'apprécie toujours ces prologues ; ils donnent une dimension supplémentaire au texte. Le style est clair et fluide, malgré une menue surcharge d'adverbes. Le récit, au passé, est d'un point de vue interne, la narration à la troisième personne. Ces codes plus que répandus facilitent souvent la lecture.
Le texte est découpé en quatre grandes parties, sans chapitres. Je suis à la fois intriguée et séduite par ce choix. A première vue, je vais accorder une attention particulière à ce manuscrit.
Il me reste désormais à naviguer dans cet immensité de texte. Bon dieu, un pavé pareil, pour un premier roman !

Le second, aux vues du titre, est un polar. Un petit texte d'à peine huitante pages A4 imprimées recto et sans mise en forme particulière. La lettre de présentation qui l'accompagne m'indique qu'il s'agit d'une V2 d'un manuscrit déjà soumis. Un opus ayant bénéficié d'une relecture approfondie d'une précédente stagiaire des Éditions. Le directeur me précise que l'auteure envoie à répétition des manuscrits depuis quelques années. Je ne sais qu'en penser. Là, comme ça, je dirais que je me méfie des auteurs passant d'une de leur création à une autre sans ménagement, n'accordant pas de sentimentalité à leur œuvre. Non pas que ce n'est pas admirable, si ce n'est pas le signe d'un écrivain obsessionnel compulsif, c'est la marque d'une personne encline à se perfectionner sans broncher. Juste, ça me semble manquer d'humanité.
Toutefois, ce texte-là a bénéficié de remaniements majeurs, c'est pour moi une preuve que sa créatrice lui accorde une place particulière dans son affect. Comment considérer l'écrit de quelqu'un sans cela ? Quel intérêt, si ce quelqu'un n'y a pas mis ses tripes ?
Les premières lignes me révèlent un style affûté comme une machette. Redoutablement efficace. Narrateur omniscient, verbes au présent. Plus j'avance plus l'écrit m'apparaît direct et élaboré. J'ai la sensation qu'on tient quelque chose.

Le troisième et dernier, enfin. Le directeur m'indique qu'il s'agit d'un manuscrit qui tangue sur le fil de son hésitation. Un titre à l'exclamative un peu bateau, une bonne longueur, des efforts de mise en page. Auteure femme. Je ne sais rien de plus, on ne m'a pas transmis la lettre d'accompagnement. Je parcoure des passages, au hasard. Les dialogues sont traités comme des incises, entre deux virgules, avec pour toute indication typographique une première majuscule. J'ai déjà rencontré ça dans une lecture, "Ce Que je sais de Vera Candida" de Véronique Ovaldé. Je ne sais qu'en penser. Phénomène de mode ? La mode, parfois c'est bien. C'est l'air du temps soufflée en bourrasques dans les naseaux frémissants.

A mes lunettes d'hypermétrope, maintenant ! J'ai trois fiches de lecture à élaborer.

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