mercredi 6 juillet 2011

Les lourdeurs les plus fréquentes.

J'en ai déjà parlé, je me relis assidûment depuis plus d'un an et je m'aperçois que la correction prend plus de la moitié du travail d'écriture.
J'en avais également déjà parlé, je préconise de bonnes conditions d'écriture et une concentration optimum pour un premier jet de qualité ; en partie parce qu'acquérir le recul nécessaire à une bonne correction prend du temps. A la fin de la rédaction propre, quelques mois de repos peuvent être bénéfiques. Ensuite, se relire avec en tête des pistes de travail.
C'est ce travail d'auto-correction, ainsi que la lecture de manuscrits, ou la correction d'épreuves qui m'ont amenées à déceler ces lourdeurs fréquentes à débusquer.


1. les répétitions.

Qu'est qu'une répétition ? C'est un même segment (mot ou syntagme) au sein d'un même paragraphe. Tout écrivain le sait, à moins de souhaiter construire une anaphore, elles sont à éviter. Il y a les répétitions d'un même mot. Élémentaire mais on les voit partout. Il y a aussi les répétitions d'étymologie : deux mots comportant la même racine. Y prêter attention. Deux remèdes possibles : les homonymes et les périphrases.
Il y a enfin les répétitions des noms propres. Il faut user des pronoms, mais pas en abuser. En français on utilise les pronoms personnels à tort et à travers plutôt que les pronoms démonstratifs pour désigner les objets, et cela porte à confusion. Ainsi, une règle : pas de "il" ou "elle" après un complément d'objet.
Exemple : "Vanessa contemplait la tasse. Elle était gaie".
=> qui était gaie ? Vanessa ou la tasse ?
Pour pallier à ce problème, on peut avoir recours encore une fois aux périphrases (groupe de mots faisant référence à un objet ; exemple : "la pièce de porcelaine" pour désigner la tasse ou le simple "la jeune fille" pour désigner Vanessa).


2. la surabondance d'adverbes.

Je prends au hasard de ma bibliothèque un extrait d'un classique, en l'occurrence Mémoire d'outre-tombe de Chateaubriand (pas de circonflexe sur le "a" ou je me fâche !).

"Tels marin, au sortir de ses pompes, s'embarquait tout fortifié contre la nuit tandis que tel autre rentrait au port en se dirigeant sur le dôme éclairé de l'église."

C'est limpide.
Maintenant la même avec quelques adverbes.

"Tels marin, au sortir de ses pompes, s'embarquait tout fortifié contre la nuit tandis que tel autre rentrait vélocement au port en se dirigeant directement sur le dôme fort éclairé de l'église."

Le sens n'en est pas plus précis, la phrase est plus longue et plus lourde.
Les adverbes sont utiles mais point trop n'en faut.


3. Les phrases à rallonge.

Trois lignes, c'est déjà trop. Rien de tel que le bon vieux sujet-verbe-complément à adopter dès que possible.
Exemple :

Vanessa avait l’impression d’avoir fait une bêtise sans savoir laquelle, alors qu'elle observait le mécanicien le nez à bonne distance de la fenêtre et tentait de se remémorer chacune de ses paroles, essayant de comprendre ce qui avait pu motiver sa réaction.


D'une phrase, on peut en faire trois :


Vanessa avait l’impression d’avoir fait une bêtise sans savoir laquelle. Elle observait le mécanicien le nez à bonne distance de la fenêtre. Elle tentait de se remémorer chacune de ses paroles, essayant de comprendre ce qui avait pu motiver sa réaction.


Laquelle de ces versions préférez-vous lire ?




4. Trop de virgules.

Toutes les pauses marquées dans la lecture ne le sont pas forcément à l'aide d'une virgule à l'écrit. Avant une conjonction de coordination par exemple, elles ne sont pas indispensables. Le mieux est de se demander pour chaque virgule si elle pourrait être supprimée.


Selon la phrase consacrée :

Ecrivez, maintenant !