lundi 6 juin 2011

Fantastique et merveilleux

Ce blog s'intitule "Fantastique et Merveilleux". Qu'est-ce que cela signifie ?
En littérature française, il existe deux genres traitant de l'imaginaire, le genre merveilleux et le genre fantastique donc. La science-fiction, la fantasy, l'uchronie sont autant de sous-genres plus ou moins admis mais relevant tous soit du fantastique, soit du merveilleux.

Posons les jalons d'une première définition. Le genre fantastique se reconnaît par une fiction se déroulant dans un environnement très proche de notre monde connu, tant au niveau temporel que culturel. Une personne lambda vivant dans un lieu lambda, utilisant des ustensiles courant constituent les bases d'une histoire fantastique. Ensuite, certains détails de l'ordre du paranormal ou de l'imaginaire dissonent d'avec le réalisme instauré. Il y a deux écoles. Soit les personnages doutent de la véracité de ce qu'ils observent et invoquent des raisons telles que imagination, rêve, folie... Soit les faits leurs semblent parfaitement normaux, et on se trouve à la lisière du genre merveilleux.
Ce dernier est typiquement caractéristique du conte de fée, par exemple. Le but dans ce cas est clairement affiché et n'est pas de créer une quelconque ambiguïté. On se trouve à une époque inconnue, dans un pays voire un monde inconnu, peuplé de personnages fantasmagoriques, où parfois même les lois de la physique diffèrent.

Quelques exemples pourraient nous aider à départager nos deux catégories. Pour le fantastique, il me vient à l'esprit Kafka et son incroyable Procès, mêlant absurde, anachronisme et illogique géographique pour nous plonger dans l'angoisse la plus totale résultant de ce non-sens permanent. Il n'empêche, le lecteur s'interroge tout le long. Est-ce un cauchemar qui nous est relaté ? L’Écume des jours de Boris Vian monte d'un cran dans l'incongruité et se positionne vraiment sur le fil. J'aurais tendance à le classer dans le genre merveilleux, mais de nombreux facteurs laissent le doute. Le nénuphar poussant dans le poumon de Chloé, les murs de l'appartement rétrécissant, ne s'agit-il pas que de métaphores ? Est-ce suffisant pour en faire une oeuvre du merveilleux ? Pour autant, l'absurdité régnant là encore ou le personnage de la souris me font pencher pour cette deuxième option.
D'autres oeuvres comme le Seigneur des Anneaux ne laissent aucun doute, d'autres encore comme Harry Potter et son action prenant place dans Londres puis twistant du tout au tout suscitent des interrogations.

Fantastique ou merveilleux, est-ce si important de le savoir ? Du point de vue du lecteur, l'ambivalence est intéressante et fait partie du plaisir de lire.
Du point de vue de l'écrivain, cela fait partie des choses à déterminer dès le départ. Les caractéristiques des personnages, la géographie des lieux, l'époque, les modes de déplacement, les objets, les noms, le vocabulaire, l'élocution des personnages, et tant d'autres choses en dépendront et influeront sur la cohérence de l'histoire.

Par exemple, on opte pour un centaure comme personnage principal. Soit. Si l'on choisit de placer l'action au centre de Manhattan, il faudra soigneusement le justifier et veiller à la crédibilité de la chose.
De même, le style doit être en cohésion avec l'univers adopté. Un niveau de langue soutenu participera à l'élaboration d'une atmosphère médiévale, des mots techniques, néologismes ou pures créations, étayeront une science-fiction, un héros nommé Nicolas constituera une bonne base pour du fantastique.

Fantastique ou merveilleux ne sont finalement que des fondamentaux regroupant des codes à maîtriser pour mieux les transgresser...
Ecrivez, maintenant !