Evolution : extrait Shoot. (intro chapitre 24)

spoiler



Morgana contempla sa jeune captive d'un œil courroucé. La veille au soir, elle était entrée dans son esprit. En y parvenant, elle avait été choquée par l'extrême confusion qui y régnait. A tel point qu'elle n'avait pu dormir. Ces picotements électriques fouillant le réseau de ses nerfs jusqu'au bout de ses doigts, et ces dizaines d'images, la fouettant comme autant de pelles en pleine figure, c'était insupportable ! Ce matin-là, elle avait imaginé comment sonder les souvenirs de la fille tranquillement, et enfin pouvoir récolter le fruit de ses efforts. Elle releva le bandeau plaqué sur le trou béant laissé à la place de son orbite gauche, et accueillit avec amusement le dégoût autant que l'anxiété de la jeune fille. Sous le bâillon, un fin filet de sang séché provenait du coin de sa bouche. La veille, Morgana avait frappée sa captive. Ça n'avait pas vraiment atténué sa colère de n'arriver à rien avec cette mijaurée. Elle était tentée de recommencer, mais avait pour l'heure d'autres chats à fouetter.
Elle se saisit du sachet stérile posé là plus tôt, dans lequel se trouvait la seringue, puis d'un second dans lequel se trouvait l'aiguille. Elle l'avait choisie d'un diamètre important pour faciliter le passage du produit. Enfin, elle prit le sachet d'héroïne et en admira la blancheur, synonyme de grande pureté. Sa jolie captive regardait chacun de ses gestes avec crainte et perplexité. Morgana ne put s'empêcher de lui sourire. Elle fit entrer en lévitation la cuillère de métal avec un mouvement de son œil et se concentra pour en tordre le col juste sous la partie concave, de manière à amener le manche à la perpendiculaire. Cela fait, elle se saisit de l'objet et plaça une bonne quantité de poudre dans la cuillère à soupe. Elle y ajouta quelques gouttes d'eau du bout des doigts... Non, encore un petit peu, se dit-elle en trempant son doigt dans le verre à côté d'elle. Elle le laissa goutter quelques secondes sur la poudre. Elle aimait les cratères que cela formait dans la poussière légère et immaculée. Elle se saisit du briquet, le plaça sous le creux de la cuillère et l'alluma. Elle observa de près le spectacle radieux de la poudre bouillir et fondre jusqu'à devenir un liquide translucide et brillant. Elle prit plaisir à inspirer les vapeurs dégagées et sentir le voile parvenir jusqu'à son cerveau. Elle ferma les yeux pour mieux savourer. Elle les rouvrit, et, vite, tira sur le piston de la seringue pour aspirer le produit. Elle se leva, tapota pour vérifier qu'il n'y avait pas de bulle d'air – il était impensable de la tuer, du moins, pas tout de suite –. La gamine venait de comprendre ce qui l'attendait. L'angoisse avait dilaté ses pupilles à l'extrême. La Succube se saisit du bras de la jeune fille ligotée. Le creux du coude n'était pas accessible. Et, pour cette grande première, Morgana voulait une intraveineuse réussie. C'était la moindre des choses. Elle reposa donc la seringue quelques secondes, le temps de détacher les mains liées ensembles. Sa captive remua et hurla derrière son bâillon, emmêlée dans ses entraves. Morgana voulait bien comprendre qu'elle puisse avoir peur, mais c'était nécessaire... Enfin, elle avait réussi à attacher l'un des poignets à la cordelette qui ficelait le reste de son corps tout en dégageant son bras. Elle le maintint très fort afin d'éviter qu'elle ne bouge de trop, chercha une veine. Elle fut agacée de constater que le réseau sanguin n'était pas des plus visibles, mais elle avait prévu le coup. Elle plaça une bande de caoutchouc en haut du bras et tira afin de couper la circulation. Les veines se gonflèrent, les parois rendues légèrement raides par l'angoisse de la petite, et Morgana approcha avec contentement l'aiguille du creux du bras. Sa captive poussa des hurlements étouffés et se débattit comme une diablesse. Morgana entendait son cœur cogner sa cage thoracique. Mais elle la tenait ferme. Elle trouva la veine, et planta l'aiguille en biais qui rentra sans mal dans la peau. Puis elle injecta lentement le produit. Elle lisait la terreur dans les yeux de la fille, aussi vulnérable qu'une souris. Lorsqu'elle eut fini, elle enleva la bande de caoutchouc pour rétablir la circulation. Elle se mit à l'écart pour mieux se délecter du tableau que lui offrirait la première jouissance héroïnomane de la jeune Joy. La geôlière rit de tout son saoul. Le shoot fut encore plus puissant que ce qu'elle avait imaginé. Il faut dire qu'elle avait quelque peu forcé les doses. Sa prisonnière renversa la tête en arrière dans un intense râle, son corps entier secoué de spasmes voluptueux. Puis elle relâcha son souffle bruyamment, les yeux dans le vague, en pleine reddition.
Morgana allait enfin pouvoir passer aux choses sérieuses.


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