mardi 14 août 2012

De la peur d'être lue

Quand on commence à écrire, c'est pour soi. C'est l'éclate totale.
Je m'étais organisée près d'un an à l'avance pour avoir ce temps-là réservé à la création. A l'époque, il s'agissait de musique. Mon comparse guitariste Christophe Offredi, le virtuose, et moi, on devait sillonner les routes guitares et micros à la main.
Ce n'était pas ma voie. Ma voie c'était la plume, même si j'étais loin de l'avoir déjà compris. 
D'abord un exutoire à un besoin de création impérieux, ma nuit passée sur le pitch de la Clef de cuivre a été une révélation.

Aussi, j'ai délié mes doigts sur le clavier de mon ordinateur les mois suivants. L'univers qui prenait vie est alors devenu le centre de ma vie. C'est là qu'est venue l'évidence d'être lue, pour le partage. Pour ne pas rester seule dans cet univers. Même encore aujourd'hui, quand on me dit : "Ingham, je le vois plutôt comme ça", ça me fait frissonner de plaisir. Ingham, Ana, Eleanore, ils ont une vie. Je les ai côtoyés si longtemps et de si près qu'entendre parler d'eux est aussi agréable que de recevoir des nouvelles d'un vieil ami.

Ensuite, est venu un temps particulier, sous l'exhortation de mes propres sentiments, démons, ou de ma sensibilité, on verra ça comme on veut : celui où j'ai empli mes écrits de l'essence même de ma personne.
Si bien que me lire, c'est m'examiner à la loupe avec une totale impudeur. Non pas sur tout le long du texte, bien sûr, mais quelques petits moments, que seul ceux qui savent qui je suis détecteront.

Aussi, il y a trois strates à ma position vis-à-vis de mes lecteurs.
Il y a les vagues connaissances. Je me planque derrière mon texte et tout va bien. Il y a aussi ceux avec lesquels j'ai un degré d'intimité tel que je reçois leur clairvoyance avec confiance.
Et puis il y a l'entre-deux... C'est sans doute là que j'ai un problème. "Voilà, c'est moi, je suis nue devant toi, je ne peux me soustraire à tes regards, je t'en prie, aime-moi", serait ce que je dirais à ce lecteur.

Alors... Cacher mon texte ? Non, j'ai trop besoin de partager et de transmettre. Me cacher, moi ? Je commence mal avec ce billet. Mais c'est là un projet qui tient la route.

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