mercredi 6 juillet 2011

Les lourdeurs les plus fréquentes.

J'en ai déjà parlé, je me relis assidûment depuis plus d'un an et je m'aperçois que la correction prend plus de la moitié du travail d'écriture.
J'en avais également déjà parlé, je préconise de bonnes conditions d'écriture et une concentration optimum pour un premier jet de qualité ; en partie parce qu'acquérir le recul nécessaire à une bonne correction prend du temps. A la fin de la rédaction propre, quelques mois de repos peuvent être bénéfiques. Ensuite, se relire avec en tête des pistes de travail.
C'est ce travail d'auto-correction, ainsi que la lecture de manuscrits, ou la correction d'épreuves qui m'ont amenées à déceler ces lourdeurs fréquentes à débusquer.


1. les répétitions.

Qu'est qu'une répétition ? C'est un même segment (mot ou syntagme) au sein d'un même paragraphe. Tout écrivain le sait, à moins de souhaiter construire une anaphore, elles sont à éviter. Il y a les répétitions d'un même mot. Élémentaire mais on les voit partout. Il y a aussi les répétitions d'étymologie : deux mots comportant la même racine. Y prêter attention. Deux remèdes possibles : les homonymes et les périphrases.
Il y a enfin les répétitions des noms propres. Il faut user des pronoms, mais pas en abuser. En français on utilise les pronoms personnels à tort et à travers plutôt que les pronoms démonstratifs pour désigner les objets, et cela porte à confusion. Ainsi, une règle : pas de "il" ou "elle" après un complément d'objet.
Exemple : "Vanessa contemplait la tasse. Elle était gaie".
=> qui était gaie ? Vanessa ou la tasse ?
Pour pallier à ce problème, on peut avoir recours encore une fois aux périphrases (groupe de mots faisant référence à un objet ; exemple : "la pièce de porcelaine" pour désigner la tasse ou le simple "la jeune fille" pour désigner Vanessa).


2. la surabondance d'adverbes.

Je prends au hasard de ma bibliothèque un extrait d'un classique, en l'occurrence Mémoire d'outre-tombe de Chateaubriand (pas de circonflexe sur le "a" ou je me fâche !).

"Tels marin, au sortir de ses pompes, s'embarquait tout fortifié contre la nuit tandis que tel autre rentrait au port en se dirigeant sur le dôme éclairé de l'église."

C'est limpide.
Maintenant la même avec quelques adverbes.

"Tels marin, au sortir de ses pompes, s'embarquait tout fortifié contre la nuit tandis que tel autre rentrait vélocement au port en se dirigeant directement sur le dôme fort éclairé de l'église."

Le sens n'en est pas plus précis, la phrase est plus longue et plus lourde.
Les adverbes sont utiles mais point trop n'en faut.


3. Les phrases à rallonge.

Trois lignes, c'est déjà trop. Rien de tel que le bon vieux sujet-verbe-complément à adopter dès que possible.
Exemple :

Vanessa avait l’impression d’avoir fait une bêtise sans savoir laquelle, alors qu'elle observait le mécanicien le nez à bonne distance de la fenêtre et tentait de se remémorer chacune de ses paroles, essayant de comprendre ce qui avait pu motiver sa réaction.


D'une phrase, on peut en faire trois :


Vanessa avait l’impression d’avoir fait une bêtise sans savoir laquelle. Elle observait le mécanicien le nez à bonne distance de la fenêtre. Elle tentait de se remémorer chacune de ses paroles, essayant de comprendre ce qui avait pu motiver sa réaction.


Laquelle de ces versions préférez-vous lire ?




4. Trop de virgules.

Toutes les pauses marquées dans la lecture ne le sont pas forcément à l'aide d'une virgule à l'écrit. Avant une conjonction de coordination par exemple, elles ne sont pas indispensables. Le mieux est de se demander pour chaque virgule si elle pourrait être supprimée.


Selon la phrase consacrée :

Ecrivez, maintenant !

lundi 6 juin 2011

Fantastique et merveilleux

Ce blog s'intitule "Fantastique et Merveilleux". Qu'est-ce que cela signifie ?
En littérature française, il existe deux genres traitant de l'imaginaire, le genre merveilleux et le genre fantastique donc. La science-fiction, la fantasy, l'uchronie sont autant de sous-genres plus ou moins admis mais relevant tous soit du fantastique, soit du merveilleux.

Posons les jalons d'une première définition. Le genre fantastique se reconnaît par une fiction se déroulant dans un environnement très proche de notre monde connu, tant au niveau temporel que culturel. Une personne lambda vivant dans un lieu lambda, utilisant des ustensiles courant constituent les bases d'une histoire fantastique. Ensuite, certains détails de l'ordre du paranormal ou de l'imaginaire dissonent d'avec le réalisme instauré. Il y a deux écoles. Soit les personnages doutent de la véracité de ce qu'ils observent et invoquent des raisons telles que imagination, rêve, folie... Soit les faits leurs semblent parfaitement normaux, et on se trouve à la lisière du genre merveilleux.
Ce dernier est typiquement caractéristique du conte de fée, par exemple. Le but dans ce cas est clairement affiché et n'est pas de créer une quelconque ambiguïté. On se trouve à une époque inconnue, dans un pays voire un monde inconnu, peuplé de personnages fantasmagoriques, où parfois même les lois de la physique diffèrent.

Quelques exemples pourraient nous aider à départager nos deux catégories. Pour le fantastique, il me vient à l'esprit Kafka et son incroyable Procès, mêlant absurde, anachronisme et illogique géographique pour nous plonger dans l'angoisse la plus totale résultant de ce non-sens permanent. Il n'empêche, le lecteur s'interroge tout le long. Est-ce un cauchemar qui nous est relaté ? L’Écume des jours de Boris Vian monte d'un cran dans l'incongruité et se positionne vraiment sur le fil. J'aurais tendance à le classer dans le genre merveilleux, mais de nombreux facteurs laissent le doute. Le nénuphar poussant dans le poumon de Chloé, les murs de l'appartement rétrécissant, ne s'agit-il pas que de métaphores ? Est-ce suffisant pour en faire une oeuvre du merveilleux ? Pour autant, l'absurdité régnant là encore ou le personnage de la souris me font pencher pour cette deuxième option.
D'autres oeuvres comme le Seigneur des Anneaux ne laissent aucun doute, d'autres encore comme Harry Potter et son action prenant place dans Londres puis twistant du tout au tout suscitent des interrogations.

Fantastique ou merveilleux, est-ce si important de le savoir ? Du point de vue du lecteur, l'ambivalence est intéressante et fait partie du plaisir de lire.
Du point de vue de l'écrivain, cela fait partie des choses à déterminer dès le départ. Les caractéristiques des personnages, la géographie des lieux, l'époque, les modes de déplacement, les objets, les noms, le vocabulaire, l'élocution des personnages, et tant d'autres choses en dépendront et influeront sur la cohérence de l'histoire.

Par exemple, on opte pour un centaure comme personnage principal. Soit. Si l'on choisit de placer l'action au centre de Manhattan, il faudra soigneusement le justifier et veiller à la crédibilité de la chose.
De même, le style doit être en cohésion avec l'univers adopté. Un niveau de langue soutenu participera à l'élaboration d'une atmosphère médiévale, des mots techniques, néologismes ou pures créations, étayeront une science-fiction, un héros nommé Nicolas constituera une bonne base pour du fantastique.

Fantastique ou merveilleux ne sont finalement que des fondamentaux regroupant des codes à maîtriser pour mieux les transgresser...
Ecrivez, maintenant !

jeudi 26 mai 2011

"These violent delights have violent ends."
                                                   William Shakespeare

mardi 17 mai 2011

La liberté est un immense vide de potentialités à remplir de sa volonté propre uniquement. L'absence de limite se traduit aussi par l'absence d'étai et peut se révéler effrayante. La plupart d'entre nous ne possède pas la force interne suffisante pour tracer son chemin dans ce vide. L'homme se rassure de ses contraintes. Il se forge une cage et oublie qu'il en tient la clé dans ses mains.

lundi 16 mai 2011

Il reste les racines.
On sait à quel point elles sont profondes quand on cherche à les arracher.

lundi 9 mai 2011

Antigone

Antigone


Jean ANOUILH
1944

Cette pièce est probablement ma favorite. C'est un monument. La force, le courage et l'honneur sans faille qui caractérisent son héroïne en ont fait une oeuvre très à propos au moment de sa publication, en contexte de fin de guerre.
En règle générale, je n'approuve pas les réécritures des drames antiques. Ces classiques d'une époque très lointaine devraient conserver leur position de sacré et ne pas être touchés. J'ai en tête Phèdre. Par réflexe, vous me direz "Phèdre, de Racine". en fait, Phaedre est un merveilleux drame amoureux relaté par Euripide près de cinq siècle avant notre aire. Racine a fait de Phèdre une vieille marâtre acariâtre, alors qu'à l'origine, Phaedre était une superbe et jeune héroïne d'ascendance divine emportée par la tragédie de sa destinée.

Qu'en est-il d'Antigone ? Anouilh a sublimé son héroïne. Elle est l'incarnation de la rébellion mais surtout et peut-être plus encore que dans l'oeuvre antique, elle est la figure de la liberté, à la fois soumise à sa destinée et contre celle-ci.
L'histoire, tout le monde la connait. Créon le roi, son oncle, prend des décisions politiques difficiles et injustes mais ramenant l'ordre dans sa cité. La dépouille de l'un des deux frères d'Antigone, tous deux morts en s'affrontant pour le pouvoir, doit pourrir aux vues de tous. Antigone fait ce qu'elle considère être son devoir : elle se lève la nuit pour rendre les derniers hommages à son frère, malgré le décret royal qui la condamnera à mort. Lorsque Créon le roi lui propose de garder le silence et de tout remettre en ordre, ce qui implique de déterrer la dépouille de Polynice, Antigone dit non. Elle recommencera, c'est son devoir. Ce drame est celui de la dualité. Celle entre le légitime et le raisonnable, celle entre le bien général et la moralité, celle entre Antigone la rebelle et sa soeur douce et rangée, entre les deux frères, l'un juste et l'autre avide, etc.

Là où l'auteur a sublimé son héroïne, à mon sens, réside dans cette autre dualité ou plutôt un paradoxe apparent que j'évoque plus haut. Antigone choisit de se rebeller contre les lois dictées par son oncle le roi. En vérité, la liberté de l'héroïne est celle de se soumettre à sa destinée. Elle est fille de roi, l'honneur et le devoir coulent dans son sang : "Dis-leur de me lâcher. Je suis la fille d'OEdipe, je suis Antigone. Je ne me sauverai pas." Son devoir est d'enterrer son frère et d'assumer ce qu'elle est, quelqu'un qui a la force et le courage de ses convictions, jusqu'à le payer de sa vie. La façon dont Anouilh a traité cette oeuvre, comme un acte joué par des acteurs-personnages déjà au courant du drame qu'ils vont interpréter,  met en avant ce point de vue en particulier.
Jean Anouilh semble dire "trouvez qui vous êtes, lâche ou héros, meneur ou suiveur, responsable ou insensé, et assumez-le jusqu'au bout".

vendredi 6 mai 2011

Aliénor... Tu es un baobab.

Le Voyage d'hiver

Le Voyage d'hiver
Amélie Nothomb

Paru en 2010

Difficile d'élaborer une critique sur un souvenir. Le livre en question m'est tombé dans les mains l'année dernière puis a regagné l'étage de son attentionnée propriétaire depuis. Je me dois d'acheter un bel exemplaire broché. En attendant, je vous expose ce dont je me souviens.
Commençons par le bilan. On n'est pas des scientifiques, on peut faire le développement après !
Bilan donc.
Wow. La gifle. Amélie Nothomb peut se révéler être dans ses bonnes années un véritable génie de la littérature. Rien de moins. Il est vrai, je n'avais pas eu la joue rouge à ce point depuis son premier roman (et quel premier roman...) Hygiène de l'assassin, qui reste l'un des joyaux couvés de ma bibliothèque.
Revenons à nos moutons (quelle étrange expression). Le voyage d'hiver possède une intrigue profonde, voire grave, traitée en toute légèreté par le formidable cynisme de l'auteure. Cette intrigue s'articule tout autour d'une seule problématique. L'amour. L'amour en lettres capitales, celui qui déborde même encore du mot qui est censé le contenir, la passion amoureuse, l'obsession amoureuse, transcendée par l'abnégation la plus totale. Eh bien cet amour est contrarié, il est impossible, et pour une raison plutôt débile (c'est le cas de le dire).
J'aime particulièrement la façon dont Amélie parle de l'amour. Elle ne l'analyse pas, elle le montre, voire le démontre, en toute simplicité. "L'amour, voilà ce que ça fait", plutôt que "l'amour, voilà ce que c'est". Et elle n'a aucun complexe concernant les hyperboles.

Prenons maintenant l'angle de la langue en tant qu'outil, vu par Amélie Nothomb. Les codes volent en éclat s'ils le doivent, avec beaucoup d'impertinence. Pour ceux qui ont lu, se référer au trip ; pour les autres, le trip en question est une prise de psilocybes. Le lieu, un appartement frigorifié, le résultat, un mur blanc qui prend toute sa dimension et un parquet qui révèle un monde de glace subaquatique. Voilà ce qu'est le voyage d'hiver.

En regard du froid omniprésent et de l'étrangeté qui qualifie aussi bien les personnages que la situation, ce livre avait déjà tout pour me plaire. Rajoutons un élément subtile qui en fait un chef d'oeuvre, le personnage principal paraît être un type tout à fait banal à la base et se révèle être, eh bien... Nothombien.


Autoportrait

jeudi 28 avril 2011

Comment ma vie atterrit dans mon roman...

Quand on fait le bilan d'Evolution, que de similitudes avec moi ! Les avatars de mes proches, pour commencer.
D'accord, le récit se déroule dans le nord de l'Angleterre, l'héroïne et tout un tas de détails diffèrent de ma propre vie bien sûr mais... Ceux qui me connaissent bien perçoivent chacun des clins d'oeil jonchant le texte. D'abord, le personnage principal, Ana, me ressemble. Elle n'est pas moi, elle est ce que j'aurais pu être. Concernant quelques point de détails, comme une philanthropie démesurée, j'ai tenté de lui insuffler ses caractéristiques propres. "Quelle niaise", me disais-je alors en désignant mon propre personnage que j'aimais tant, pourtant. C'était comme contre-nature. Mais j'ai tenu bon. Ana est une entité à part entière, voilà.
Il n'empêche. Le roman, mis à part quelques exceptions, est écrit à la première personne du singulier. Ecrire "je" amène à coucher ses tripes sur le papier, c'est plus fort que soi. Ana observe ce que j'observerais, est sensible à ce à quoi je serais sensible, a les interrogations que j'aurais, etc. Alors on se cache derrière la fiction. Se mettre à nu comme ça, quelle impudeur !
Qu'en est-il des autres personnages, les avatars ? Pour la plupart d'entre eux, la position, le rôle et l'importance que les personnes tiennent dans ma vie sont retranscrites. Ce n'est pas eux, mais ce que je perçois d'eux. Et puis il y aussi ma petite mixture, un ingrédient d'untel et un autre d'untel. Bon, mais qu'est-ce qui a été créé de toute pièce alors ? Rien. C'est difficile à admettre, mais rien.

Je crois que la création et l'imagination sont l'art de faire de savants mélanges de ses propres expériences, aussi lointaines qu'elle puissent être et même si le conscient ne s'en souvient pas. C'est le don de mixer et émulsionner tout ça pour donner quelque chose de nouveau. Ce que nous créons, c'est ce que nous sommes au plus profond de nos êtres.

samedi 23 avril 2011

Glenravenne ou l'écriture à deux mains

Je lis pour la quatrième ou cinquième fois "Glenravenne" avec un plaisir immense. Cette merveille fantasy a été écrite conjointement par Marion Zimmer Bradley et Holly Lisle.




Ces deux auteures ont a plusieurs reprises manié la co-écriture. Au-delà de l'excellent résultat qu'est cet opus, "Les Pouvoirs perdus", je m'interroge sur l'écriture à deux. Il me semble que cette aventure doit être fabuleuse, mais aussi requérir une aptitude particulière au compromis.

De manière pratique, comment s'organise-t-on? Pour l'avoir déjà expérimenté, la trame se conçoit facilement entre les deux auteurs. Les idées se nourrissent et s'enrichissent à chaque rebond de l'un à l'autre, s'élaguent de manière juste et rapide et finalement, on n'a pas affaire à une addition mais à bien plus complexe. Certes, certaines idées peuvent être laissées de côté, en rapport au nécessaire compromis. Mais majoritairement, le compromis se fait plutôt dans l'autre sens, chacun essayant d'intégrer ce qui tient à coeur à l'autre.
Ensuite, vient le temps de l'exécution à proprement parler, la rédaction. Là, je cale question expérience personnelle. En relisant Glenravenne, je crois comprendre que chacune son tour a rédigé un chapitre d'un point de vue omniscient, troisième personne, en évoluant dans l'histoire depuis la peau de son personnage. En effet, les héroïnes sont deux, sur un quasi pied d'égalité, ce qui rend la dynamique particulièrement intéressante. Ce fait est visible de par deux styles différents ; cette différence est toutefois subtile et il faut y prêter attention pour la remarquer. Je pense que cette harmonie est rendue possible par la grande affinité personnelle et littéraire qui doit régner entre les deux personnes. Elle provient sûrement aussi du fait que son partenaire est évidemment le relecteur voire correcteur privilégié, ajoutant à l'unification.

Outre ces détails techniques, je réitère que cette aventure doit être simplement extraordinaire. Partager une aussi grande chose que la création littéraire apporte tant sur le plan artistique qu'humain et relationnel entre les deux personnes. Si l'on doit faire un bilan, je suis certaine qu'il n'est que positif. Suis-je trop optimiste?

Question subsidiaire : peut-on parler d'écriture à quatre mains maintenant que l'on tape sur un clavier d'ordinateur ? :)

mardi 29 mars 2011

La vie en live.

Nous sommes fin mars 2011, et mon dernier billet remonte à l'heure de mes utopies. Le temps où je croyais que je vivrais pour moi toute seule en grande égoïste pendant encore quelques mois. La vie nous met des pichenettes dans la tête parfois.
Bref, pas de grand Nord (pas tout de suite, je ne vais pas renoncer à mes rêves non de diou), une période de solitude qui s'annonce et toujours si peu de temps pour moi depuis que je fixe un écran 9h par jour 5 jours sur 7. Comment trouver l'énergie pour écrire ? J'érige solennellement en héroïne une Syven par exemple, auteure du remarqué Au Sortir de l'Ombre et conciliant avec virtuosité écriture, vie de famille et activité professionnelle à plein temps.

Moi, je n'ai pas dit mon dernier mot.
Objectif avant fin 2011 : une publication chez un lourd.


Enfin, les corrections avancent, lentement mais sûrement, et je prévois d'écrire un billet sur les méthodes de correction ainsi que la façon dont je vis cette période toute particulière et inattendue.

dimanche 30 janvier 2011

Pélerin (de la littérature) ?

Vous qui venez me lire d'Alaska, de Russie, du Canada, c'est un plaisir de vous recevoir !
Cette simple évocation me fait penser à ces étendues glacées que j'atteindrai bientôt. Je prépare mon voyage en Laponie, à 300km à l'intérieur du cercle polaire arctique, et ce voyage au bout du monde comme au bout de moi-même n'a d'autre but que de préparer mon esprit, le vider pour écrire de nouveau.

On se perd vite dans le maelström du quotidien qui fonce plus vite que nous. On oublie qui on est, ce à quoi on aspire au fond de soi, entre le passage au supermarché et la prochaine lessive. Le temps passe, on finit par se dire que ce n'est pas si grave, pas si mal...

Ma décharge sera le froid, la solitude et le silence.

vendredi 14 janvier 2011

L'oeil de Moscow !

Quelle lectrice suis-je devenue, désormais ?
La bêta lecture au sein de Cocyclics et les corrections faites durant ma période aux Éditions ont considérablement acéré mon œil. Je me souviens d'une époque, il n'y a pas si longtemps que cela, où je lisais le quatrième tome de la saga pour ados la plus célèbre de la décennie, (vous savez celle avec les gentils vampires), et bien je lisais ce tome, disais-je, sans sourciller. Je rentrais dans l'univers dépeint sans mal, laissant les mots se brouiller et l'action se dérouler. C'était bien, j'étais crédule.

Et maintenant ? Que nenni !
Je me suis risquée de nouveau dans ce quatrième tome et ai lâché quelques minutes et dizaines de soupirs plus tard. Dans un registre un peu différent, je viens de terminer Le Premier jour et La Première nuit, de Marc Lévy. Bilan plutôt positif. J'ai lu avec plaisir, j'ai été divertie, j'y ai même trouvé un semblant de philosophie. C'est déjà pas mal, je ne vais donc pas cracher dans la soupe. Cependant, j'ai eu cette sensation récurrente d'avoir à faire à un premier jet à peine retravaillé. Des répétitions jonchant le texte, des lourdeurs, des incohérences et longueurs de synopsis... La masse brute n'a ni été élaguée, ni polie. Soyons francs, c'est surtout un bon travail éditorial qui manque. Mais voilà, l'éditeur (je ne sais pas de qui il s'agit), s'est dit : c'est Marc Lévy, on se foule pas, ça va se vendre comme des petits pains quoiqu'il arrive. Est-ce néfaste pour l'auteur, je dirais que non, si son lectorat est semblable à moi, avant. Crédule. Il se fait bercer par une belle histoire avant de s'endormir et n'en attend finalement pas plus. Et dans cette optique, les deux opus sont plutôt pas mal.
Quant à moi, à force de m'exercer sur les romans et nouvelles dont j'ai eu à effectuer les secondes corrections ou même les corrections finales (pré BAT), ou encore les extraits de la Mare, je referme mon format poche avec un "mouai" à l'esprit.
Est-ce un mal, est-ce un bien ?...

lundi 10 janvier 2011

Lecture des manuscrits

Enfin, après plusieurs semaines bien chargées, je suis parvenue à boucler un avis définitif sur les manuscrits.
J'en retiens un, celui pour lequel le directeur de la maison hésitait. Je me rends compte que mes choix étaient influencés par avance. Seulement je pense "ligne éditoriale". Si ce n'était que de moi j'aurais opté pour la fiction policière, abordable et divertissante, mais le programme éditorial est pris en considération. Par exemple, deux des ouvrages sont trop semblables dans l'intention, le style et même les sujets abordés pour ne pas se court-circuiter. J'ai donc tranché.
Quant au dernier des trois, celui qui avait pourtant ma préférence, je sais que les qualités que je lui trouve, dont son côté accessible, seraient au contraire un frein dans le contexte de la ligne éditoriale, à la recherche de l'UFO littéraire. L'ouvrage en question en est un, et excelle dans sa catégorie.

Ecrire, encore.

La rédaction d'un nouvel opus me démange terriblement, ces temps. Cette impulsion provient d'un concept général que je ressasse depuis plusieurs années. Le temps est venu pour moi de le développer.
Cette occurrence pose une interrogation : qu'est-ce qui génère ce besoin subit d'écrire ?
Je crois que je n'ai pas de réponse. Je constate cet élan sans me l'expliquer, et par là même constate que le phénomène est cette fois conscient.
Pour Evolution, à chaque étape j'ai souhaité aller jusqu'au bout de l'écriture sans pour autant avoir jamais la certitude que ce serait le cas. J'ai commencé à écrire avec cette ignorance de l'ampleur du projet ; l'impulsion était présente mais latente. Est-ce que savoir désormais ce qu'impliquera le commencement de l'opus me freinera dans mes élans ? Je dirais que oui. Je connais le sentiment d'inachevé et la frustration que cela génère. Je sais donc qu'il me sera impossible de laisser de côté ni le projet ni l'écriture tant que je n'aurai pas abouti à un premier jet. Je sais que même après cela, le texte continuera de me hanter et les corrections seront incessantes.
Je me souviens d'une discussion avec ma collègue assistante d'édition ; elle se posait une question : pourquoi tant de gens ont-ils cette volonté de se faire publier, même pour des écrits très intimes, relevant plus de la catharsis que de la création littéraire ? Nous étions parvenues à trouver un élément de réponse. La publication est une façon de passer à autre chose, enfin. Le texte est figé dans une forme définitive par la publication, à un instant T. Sans cela, les corrections sont perpétuelles. Il faut pourtant accepter que ce que nous écrivons à un moment donné est le reflet de ce que nous sommes à ce moment-là. Forcément, se relire, c'est regarder en arrière après avoir vécu une évolution personnelle. Comment consentir à cette forme moins évoluée de nous-même dès lors ? Difficile. Certains ne se laissent donc pas le choix. Parce que la force créatrice qui pousse à écrire ne laisse elle-même pas vraiment le choix.
J'en suis là de mes réflexions, à me dire que je vais de nouveau souffrir à écrire, souffrir après coup à traîner mes propres écrits comme un boulet précieux dont je ne pourrai me détacher. Pour autant, je sais que je ne fais que reculer pour mieux sauter...
Souhaitez-moi bonne chance !