jeudi 28 avril 2011

Comment ma vie atterrit dans mon roman...

Quand on fait le bilan d'Evolution, que de similitudes avec moi ! Les avatars de mes proches, pour commencer.
D'accord, le récit se déroule dans le nord de l'Angleterre, l'héroïne et tout un tas de détails diffèrent de ma propre vie bien sûr mais... Ceux qui me connaissent bien perçoivent chacun des clins d'oeil jonchant le texte. D'abord, le personnage principal, Ana, me ressemble. Elle n'est pas moi, elle est ce que j'aurais pu être. Concernant quelques point de détails, comme une philanthropie démesurée, j'ai tenté de lui insuffler ses caractéristiques propres. "Quelle niaise", me disais-je alors en désignant mon propre personnage que j'aimais tant, pourtant. C'était comme contre-nature. Mais j'ai tenu bon. Ana est une entité à part entière, voilà.
Il n'empêche. Le roman, mis à part quelques exceptions, est écrit à la première personne du singulier. Ecrire "je" amène à coucher ses tripes sur le papier, c'est plus fort que soi. Ana observe ce que j'observerais, est sensible à ce à quoi je serais sensible, a les interrogations que j'aurais, etc. Alors on se cache derrière la fiction. Se mettre à nu comme ça, quelle impudeur !
Qu'en est-il des autres personnages, les avatars ? Pour la plupart d'entre eux, la position, le rôle et l'importance que les personnes tiennent dans ma vie sont retranscrites. Ce n'est pas eux, mais ce que je perçois d'eux. Et puis il y aussi ma petite mixture, un ingrédient d'untel et un autre d'untel. Bon, mais qu'est-ce qui a été créé de toute pièce alors ? Rien. C'est difficile à admettre, mais rien.

Je crois que la création et l'imagination sont l'art de faire de savants mélanges de ses propres expériences, aussi lointaines qu'elle puissent être et même si le conscient ne s'en souvient pas. C'est le don de mixer et émulsionner tout ça pour donner quelque chose de nouveau. Ce que nous créons, c'est ce que nous sommes au plus profond de nos êtres.

samedi 23 avril 2011

Glenravenne ou l'écriture à deux mains

Je lis pour la quatrième ou cinquième fois "Glenravenne" avec un plaisir immense. Cette merveille fantasy a été écrite conjointement par Marion Zimmer Bradley et Holly Lisle.




Ces deux auteures ont a plusieurs reprises manié la co-écriture. Au-delà de l'excellent résultat qu'est cet opus, "Les Pouvoirs perdus", je m'interroge sur l'écriture à deux. Il me semble que cette aventure doit être fabuleuse, mais aussi requérir une aptitude particulière au compromis.

De manière pratique, comment s'organise-t-on? Pour l'avoir déjà expérimenté, la trame se conçoit facilement entre les deux auteurs. Les idées se nourrissent et s'enrichissent à chaque rebond de l'un à l'autre, s'élaguent de manière juste et rapide et finalement, on n'a pas affaire à une addition mais à bien plus complexe. Certes, certaines idées peuvent être laissées de côté, en rapport au nécessaire compromis. Mais majoritairement, le compromis se fait plutôt dans l'autre sens, chacun essayant d'intégrer ce qui tient à coeur à l'autre.
Ensuite, vient le temps de l'exécution à proprement parler, la rédaction. Là, je cale question expérience personnelle. En relisant Glenravenne, je crois comprendre que chacune son tour a rédigé un chapitre d'un point de vue omniscient, troisième personne, en évoluant dans l'histoire depuis la peau de son personnage. En effet, les héroïnes sont deux, sur un quasi pied d'égalité, ce qui rend la dynamique particulièrement intéressante. Ce fait est visible de par deux styles différents ; cette différence est toutefois subtile et il faut y prêter attention pour la remarquer. Je pense que cette harmonie est rendue possible par la grande affinité personnelle et littéraire qui doit régner entre les deux personnes. Elle provient sûrement aussi du fait que son partenaire est évidemment le relecteur voire correcteur privilégié, ajoutant à l'unification.

Outre ces détails techniques, je réitère que cette aventure doit être simplement extraordinaire. Partager une aussi grande chose que la création littéraire apporte tant sur le plan artistique qu'humain et relationnel entre les deux personnes. Si l'on doit faire un bilan, je suis certaine qu'il n'est que positif. Suis-je trop optimiste?

Question subsidiaire : peut-on parler d'écriture à quatre mains maintenant que l'on tape sur un clavier d'ordinateur ? :)