vendredi 6 mai 2011

Aliénor... Tu es un baobab.

Le Voyage d'hiver

Le Voyage d'hiver
Amélie Nothomb

Paru en 2010

Difficile d'élaborer une critique sur un souvenir. Le livre en question m'est tombé dans les mains l'année dernière puis a regagné l'étage de son attentionnée propriétaire depuis. Je me dois d'acheter un bel exemplaire broché. En attendant, je vous expose ce dont je me souviens.
Commençons par le bilan. On n'est pas des scientifiques, on peut faire le développement après !
Bilan donc.
Wow. La gifle. Amélie Nothomb peut se révéler être dans ses bonnes années un véritable génie de la littérature. Rien de moins. Il est vrai, je n'avais pas eu la joue rouge à ce point depuis son premier roman (et quel premier roman...) Hygiène de l'assassin, qui reste l'un des joyaux couvés de ma bibliothèque.
Revenons à nos moutons (quelle étrange expression). Le voyage d'hiver possède une intrigue profonde, voire grave, traitée en toute légèreté par le formidable cynisme de l'auteure. Cette intrigue s'articule tout autour d'une seule problématique. L'amour. L'amour en lettres capitales, celui qui déborde même encore du mot qui est censé le contenir, la passion amoureuse, l'obsession amoureuse, transcendée par l'abnégation la plus totale. Eh bien cet amour est contrarié, il est impossible, et pour une raison plutôt débile (c'est le cas de le dire).
J'aime particulièrement la façon dont Amélie parle de l'amour. Elle ne l'analyse pas, elle le montre, voire le démontre, en toute simplicité. "L'amour, voilà ce que ça fait", plutôt que "l'amour, voilà ce que c'est". Et elle n'a aucun complexe concernant les hyperboles.

Prenons maintenant l'angle de la langue en tant qu'outil, vu par Amélie Nothomb. Les codes volent en éclat s'ils le doivent, avec beaucoup d'impertinence. Pour ceux qui ont lu, se référer au trip ; pour les autres, le trip en question est une prise de psilocybes. Le lieu, un appartement frigorifié, le résultat, un mur blanc qui prend toute sa dimension et un parquet qui révèle un monde de glace subaquatique. Voilà ce qu'est le voyage d'hiver.

En regard du froid omniprésent et de l'étrangeté qui qualifie aussi bien les personnages que la situation, ce livre avait déjà tout pour me plaire. Rajoutons un élément subtile qui en fait un chef d'oeuvre, le personnage principal paraît être un type tout à fait banal à la base et se révèle être, eh bien... Nothombien.