dimanche 30 janvier 2011

Pélerin (de la littérature) ?

Vous qui venez me lire d'Alaska, de Russie, du Canada, c'est un plaisir de vous recevoir !
Cette simple évocation me fait penser à ces étendues glacées que j'atteindrai bientôt. Je prépare mon voyage en Laponie, à 300km à l'intérieur du cercle polaire arctique, et ce voyage au bout du monde comme au bout de moi-même n'a d'autre but que de préparer mon esprit, le vider pour écrire de nouveau.

On se perd vite dans le maelström du quotidien qui fonce plus vite que nous. On oublie qui on est, ce à quoi on aspire au fond de soi, entre le passage au supermarché et la prochaine lessive. Le temps passe, on finit par se dire que ce n'est pas si grave, pas si mal...

Ma décharge sera le froid, la solitude et le silence.

vendredi 14 janvier 2011

L'oeil de Moscow !

Quelle lectrice suis-je devenue, désormais ?
La bêta lecture au sein de Cocyclics et les corrections faites durant ma période aux Éditions ont considérablement acéré mon œil. Je me souviens d'une époque, il n'y a pas si longtemps que cela, où je lisais le quatrième tome de la saga pour ados la plus célèbre de la décennie, (vous savez celle avec les gentils vampires), et bien je lisais ce tome, disais-je, sans sourciller. Je rentrais dans l'univers dépeint sans mal, laissant les mots se brouiller et l'action se dérouler. C'était bien, j'étais crédule.

Et maintenant ? Que nenni !
Je me suis risquée de nouveau dans ce quatrième tome et ai lâché quelques minutes et dizaines de soupirs plus tard. Dans un registre un peu différent, je viens de terminer Le Premier jour et La Première nuit, de Marc Lévy. Bilan plutôt positif. J'ai lu avec plaisir, j'ai été divertie, j'y ai même trouvé un semblant de philosophie. C'est déjà pas mal, je ne vais donc pas cracher dans la soupe. Cependant, j'ai eu cette sensation récurrente d'avoir à faire à un premier jet à peine retravaillé. Des répétitions jonchant le texte, des lourdeurs, des incohérences et longueurs de synopsis... La masse brute n'a ni été élaguée, ni polie. Soyons francs, c'est surtout un bon travail éditorial qui manque. Mais voilà, l'éditeur (je ne sais pas de qui il s'agit), s'est dit : c'est Marc Lévy, on se foule pas, ça va se vendre comme des petits pains quoiqu'il arrive. Est-ce néfaste pour l'auteur, je dirais que non, si son lectorat est semblable à moi, avant. Crédule. Il se fait bercer par une belle histoire avant de s'endormir et n'en attend finalement pas plus. Et dans cette optique, les deux opus sont plutôt pas mal.
Quant à moi, à force de m'exercer sur les romans et nouvelles dont j'ai eu à effectuer les secondes corrections ou même les corrections finales (pré BAT), ou encore les extraits de la Mare, je referme mon format poche avec un "mouai" à l'esprit.
Est-ce un mal, est-ce un bien ?...

lundi 10 janvier 2011

Lecture des manuscrits

Enfin, après plusieurs semaines bien chargées, je suis parvenue à boucler un avis définitif sur les manuscrits.
J'en retiens un, celui pour lequel le directeur de la maison hésitait. Je me rends compte que mes choix étaient influencés par avance. Seulement je pense "ligne éditoriale". Si ce n'était que de moi j'aurais opté pour la fiction policière, abordable et divertissante, mais le programme éditorial est pris en considération. Par exemple, deux des ouvrages sont trop semblables dans l'intention, le style et même les sujets abordés pour ne pas se court-circuiter. J'ai donc tranché.
Quant au dernier des trois, celui qui avait pourtant ma préférence, je sais que les qualités que je lui trouve, dont son côté accessible, seraient au contraire un frein dans le contexte de la ligne éditoriale, à la recherche de l'UFO littéraire. L'ouvrage en question en est un, et excelle dans sa catégorie.

Ecrire, encore.

La rédaction d'un nouvel opus me démange terriblement, ces temps. Cette impulsion provient d'un concept général que je ressasse depuis plusieurs années. Le temps est venu pour moi de le développer.
Cette occurrence pose une interrogation : qu'est-ce qui génère ce besoin subit d'écrire ?
Je crois que je n'ai pas de réponse. Je constate cet élan sans me l'expliquer, et par là même constate que le phénomène est cette fois conscient.
Pour Evolution, à chaque étape j'ai souhaité aller jusqu'au bout de l'écriture sans pour autant avoir jamais la certitude que ce serait le cas. J'ai commencé à écrire avec cette ignorance de l'ampleur du projet ; l'impulsion était présente mais latente. Est-ce que savoir désormais ce qu'impliquera le commencement de l'opus me freinera dans mes élans ? Je dirais que oui. Je connais le sentiment d'inachevé et la frustration que cela génère. Je sais donc qu'il me sera impossible de laisser de côté ni le projet ni l'écriture tant que je n'aurai pas abouti à un premier jet. Je sais que même après cela, le texte continuera de me hanter et les corrections seront incessantes.
Je me souviens d'une discussion avec ma collègue assistante d'édition ; elle se posait une question : pourquoi tant de gens ont-ils cette volonté de se faire publier, même pour des écrits très intimes, relevant plus de la catharsis que de la création littéraire ? Nous étions parvenues à trouver un élément de réponse. La publication est une façon de passer à autre chose, enfin. Le texte est figé dans une forme définitive par la publication, à un instant T. Sans cela, les corrections sont perpétuelles. Il faut pourtant accepter que ce que nous écrivons à un moment donné est le reflet de ce que nous sommes à ce moment-là. Forcément, se relire, c'est regarder en arrière après avoir vécu une évolution personnelle. Comment consentir à cette forme moins évoluée de nous-même dès lors ? Difficile. Certains ne se laissent donc pas le choix. Parce que la force créatrice qui pousse à écrire ne laisse elle-même pas vraiment le choix.
J'en suis là de mes réflexions, à me dire que je vais de nouveau souffrir à écrire, souffrir après coup à traîner mes propres écrits comme un boulet précieux dont je ne pourrai me détacher. Pour autant, je sais que je ne fais que reculer pour mieux sauter...
Souhaitez-moi bonne chance !